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La transition de la Chine vers l’économie de marché, depuis le début des réformes entamées par Deng Xiaoping en 1978, s’est accompagnée d’une croissance économique très rapide, en particulier après 1992. Ces performances en termes de création de richesses ont eu des conséquences lourdes sur le secteur de l’énergie, avec deux effets en sens contraire:
· d’un côté, l’effet d’échelle de la croissance a considérablement accru les besoins en énergie. Entre 1990 et 2015, le taux de croissance annuel moyen de l’offre totale d’énergie primaire dépasse les 5%, faisant de la Chine le premier consommateur d’énergie au monde (20% de la CFE mondiale-Consommation Finale d’Énergie).
· d’un autre côté, le processus de croissance a permis de moderniser profondément un appareil productif obsolète. L’intensité énergétique du PIB est ainsi passée de 0,52 à 0,18 t.e.p./10 000 USD entre 1990 et 2014, atténuant l’effet d’échelle.
Cependant, l’effet d’échelle continue de jouer à la hausse, tandis que les gains en efficacité énergétique s’épuisent. La Chine est, en 2015, responsable de 48% de l’augmentation de la CFE mondiale, et joue de ce fait un rôle considérable dans l’objectif d’un développement soutenable à l’échelle planétaire.
Cette forte croissance de la demande énergétique a imposé un mix énergétique en faveur d’une ressource facile d’accès et économique, le charbon, qui représente encore aujourd’hui les 2/3 de la CFE nationale ; en outre, la perspective d’une démocratisation de l’automobile (le niveau d’équipement des ménages chinois est actuellement à peine ? du taux européen) et l’élévation du niveau de vie des ménages font peser sur l’économie chinoise non seulement un risque de dépendance accrue aux énergies fossiles, mais aussi celui d’une augmentation considérable des pollutions, amenant à la répétition des épisodes “d’airpocalypse” dont les villes chinoises sont déjà coutumières (Huchet, 2016).
Cette situation a fait remonter les préoccupations énergétiques et écologiques en haut de l’agenda gouvernemental. La question de l’énergie focalise tout particulièrement l’attention dans les deux derniers plans quinquennaux, le dernier annonçant une “révolution énergétique”. Ainsi, pour faire face aux dégradations écologiques et réduire sa dépendance énergétique, la Chine s’est engagée dans une transition énergétique (TE), entendue ici comme “un changement dans la composition de l’offre primaire d’énergie, [ou] le passage progressif d’une structure spécifique de fourniture de l’énergie à un nouvel état du système énergétique” (Smil, 2010). Le projet de recherche TEChNOPE vise donc à caractériser la transition énergétique chinoise, dans une approche interdisciplinaire, mêlant l’économie, la politique et l’urbanisme.
Par ailleurs, la TE étant un « objet et [un] processus géographique » (Bridge et al., 2013) qui « repose la question du territoire » et « amène les territoires à repenser leurs organisations dans une perspective de sobriété énergétique » (Chabrol et Grasland, 2014, p. 3), l’analyse interdisciplinaire menée par TEChNOPE sera déclinée aux différentes échelles géographiques : nationale, provinciale et urbaine. Au niveau national, cette transition sera analysée en portant une attention particulière aux politiques économiques (environnementale, énergétique, industrielle et innovation) instaurées par les autorités chinoises. Les autorités centrales opèrent-elles une “véritable” refonte du système énergétique en faveur de l’environnement, ou d'autres objectifs stratégiques prédominent-ils ? Au niveau provincial, cette TE subit l’influence des contingences régionales mais subit aussi l'influence des autres échelles. Comment la gouvernance centre-provinces et l’urbanisation grandissante modulent cette TE ? Au niveau urbain, la TE chinoise se manifeste par une attention particulière à la problématique de la mobilité quotidienne et au développement d’une urbanisation économe en énergie.
Enfin, de façon plus transversale, précisons que la prise en compte de ces trois échelles géographiques ne consiste pas à se contenter de juxtaposer des analyses de trois types de systèmes d’action, mais bien à comprendre comment le modèle chinois de TE est le produit des relations dynamiques - sinon instables - qui se construisent entre ces trois échelles. Nous nous appuierons ici sur les approches de gouvernance multi-niveaux (Hooghe et Marks, 2001 ; Pinson, 2016) ou de « rescaling » (Brenner, 2004 ; Wood, 2005).
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