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Soutenance
Le 4 avril 2014
Évaluation des politiques publiques de santé : une analyse économique appliquée au Cameroun
Jury :
Pour cerner la spécificité camerounaise, nous les inscrivons dans un triple champ théorique. Le courant économique néo-institutionnaliste pour saisir l’importance de l’histoire économique du pays et son influence sur l’évolution du système de santé, ce qui permet de comprendre les conditions de changement politique. Le modèle de référentiel de politique publique pour appréhender les fondements de la nouvelle politique publique, notamment la façon dont les idées et les intérêts sont formatés par les institutions. Un essai de décodage du jeu d’acteurs est entrepris en s’appuyant sur la médiation, mettant à l’épreuve les hypothèses de « l’ajustement par le haut ». Enfin, les théories de la justice sont sollicitées pour argumenter en faveur de l’existence d’un déséquilibre entre l’offre et la demande qui agit sur les résultats sanitaires et qui renforce le conflit efficacité versus équité.
En effet, notre travail ambitionne d’apporter des éléments de réponses à trois questions principales : (i) Pourquoi (déclencheurs) et comment (dynamique) les politiques publiques de santé sont-elles transformées dans leur construction et leur mise en oeuvre par les politiques économiques ? (ii) Quels sont les effets du changement induit par le référentiel global sur le référentiel sectoriel qui exige une distribution de l’accès aux services de santé plus équitable ? (iii) Quels enseignements peut-on tirer de la connaissance des interrelations entre la dynamique de réduction de la pauvreté et l’inaccessibilité persistante dans l’accès aux soins de santé pour une amélioration de l’évaluation des politiques publiques ?
A partir d’un nombre d’indicateurs quantitatifs et qualitatifs, la robustesse de la nouvelle politique est questionnée suivant les perspectives de distribution et d’accessibilité. Dès lors, nous soulignons la difficulté à atteindre des résultats satisfaisants que ce soit en termes d’efficacité ou d’équité à cause du système institutionnel et organisationnel dans lequel elle se conçoit et se met en oeuvre. Trois communautés épistémiques plus ou moins forts qui agissent de façon peu structurée sont repérées et analysées à travers un matériau qualitatif riche qui permet d’appréhender l’existence d’un conflit paradigmatique né de la façon dont les groupes se positionnent et arrivent à mettre en cohérence le référentiel sectoriel de la santé avec le référentiel global de marché qui revêt plutôt un caractère spontané et impératif. Un travail statistique et économétrique permettant de mesurer plus finement les inégalités et les déterminants d’accès et de recours aux soins par les populations soutient l’idée d’un creusement des inégalités de santé par ces politiques soutenues par des mécanismes de financement fortement régressifs. L’analyse des déterminants de survenue des dépenses catastrophiques vient également confirmer ce positionnement.
Nous apprécions par la suite l’efficacité allocative et l’efficience des dépenses publiques de santé ainsi que leur impact sur l’utilisation des services et les bénéfices révélés de cette utilisation. Un
ensemble d’analyses portées sur la progressivité des transferts et de l’accès aux soins nous permet d’estimer les bénéfices acquis du recours aux services publics et de leur donner un contenu d’équité. Cette problématique de l’allocation des ressources de santé est abordée en démontrant qu’elles peuvent constituer un élément moteur de la croissance à partir du moment où les choix d’investissement bénéficient d’un ciblage adéquat. Pour conclure, quelques leviers de réduction des inégalités de santé sont proposés, de même qu’un
indice multidimensionnel de santé construit à partir de « vecteurs de fonctionnement » à la fois du côté de l’offre et de la demande.
Abstract : in Cameroon, the sequence of reforms in the health sector has reinforced an ideological wavering between two opposing currents: a socio-universal that promotes equity, and a neoliberal, which militates for greater economic efficiency of existing systems. Articulating two concerns which are, the worsening of health inequalities as consequence of policy choices made on the efficacy of services without taking into account factors that support the demand, and the form of organization of the health system arising from an imperfect translation of major international principles, this thesis aims to contributing to a critical reflection on the process, the implementation and the results produced by these health policies.
To determine Cameroonian specificity, we inscribe them in a triple theoretical field. The neo-institutionalist approach, mobilize to grasp the importance of the economic history and its influence on the evolution of the health system, which allows understanding the conditions for policy change. The «referentials » approach to policy analysis in order to apprehend the foundations of the new public policy, including the understanding of how interests and ideas are formatted by institutions. An effort to illuminate the policy game is undertaken to appraise the mediation of political entrepreneurs, thereby testing empirically the “top-down hypothesis”. Finally, the theories of justice help to argue for the existence of an imbalance between health supply and demand which undermines health outcomes, and reinforces the conflict efficacy versus equity.
Indeed, our work aims to provide some answers to three main questions: (i) Why (triggers) and how (dynamic) health public policies are influenced in their construction and implementation by economic policies? (ii) What are the outcomes of induced changes by the global referential (macroeconomic framework) on sectoral referential that requires a more equitable distribution and access to health services? (iii) What lessons can we learn from the knowledge of the interrelationships between the dynamics of poverty reduction and the persistence of inaccessibility to health care in order to improve the evaluation of public policies?
From a number of quantitative and qualitative indicators, the robustness of the new policy is questioned following prospects regarding health distribution and accessibility. Therefore, we emphasize the difficulty of the public policy to achieve satisfactory results both in terms of efficacy or equity due to the institutional and organizational system in which it is designed and implemented. Three epistemic communities acting on a nonstructural basis are identified and
analyzed through a robust qualitative material that enables us to grasp the existence of a paradigmatic conflict emerged from how different groups are positioning themselves and interpret reality in order to put in coherence the sectorial referential and the global market-based one which appears to be rather spontaneous and mandatory. Statistical and econometric works to measure more precisely the inequalities and determinants of access and use of health services by the population supports the idea of a widening of inequalities by the health policies maintained by strong regressive mechanisms. The analysis of the determinants of occurrence of catastrophic health expenditures also confirms this.
We mobilize thereafter an additional material to assess the allocative efficiency and efficacy of public spending on health as well as their impact on the use of services and benefits revealed from their use. A series of analyzes aim at evaluating the progressivity of transfers and access to health care has enabled us to estimate the benefits gained from using public services and to give them an equity content. This issue of allocation of health resources is addressed by showing that they can constitute a driver of economic growth from the time the investment choices have adequate targeting. Finally, some ways of reducing health inequalities are proposed, as well as a multidimensional health index constructed from «functioning vectors » chosen from both supply and demand sides.
- Monsieur Bruno VENTELOU (Rapporteur), Directeur de recherche au Cnrs-Greqam
- Monsieur Stéphane TIZIO (Rapporteur), Maître de conférences, Hdr auprès de l’Université de Bourgogne
- Madame Claudine OFFREDI (Directrice de thèse), Ingénieure d’études, Docteur Hdr, Université Pierre Mendès France (directrice de thèse)
- Madame Valérie FARGEON (Co-encadrante), Maître de conférences, Université Pierre Mendès France
- Madame Véronique SIMONNET, Professeure des Universités, Université Pierre Mendès France
- Madame Blandine DESTREMAU, Directrice de recherche Cnrs, Umr Lise
Pour cerner la spécificité camerounaise, nous les inscrivons dans un triple champ théorique. Le courant économique néo-institutionnaliste pour saisir l’importance de l’histoire économique du pays et son influence sur l’évolution du système de santé, ce qui permet de comprendre les conditions de changement politique. Le modèle de référentiel de politique publique pour appréhender les fondements de la nouvelle politique publique, notamment la façon dont les idées et les intérêts sont formatés par les institutions. Un essai de décodage du jeu d’acteurs est entrepris en s’appuyant sur la médiation, mettant à l’épreuve les hypothèses de « l’ajustement par le haut ». Enfin, les théories de la justice sont sollicitées pour argumenter en faveur de l’existence d’un déséquilibre entre l’offre et la demande qui agit sur les résultats sanitaires et qui renforce le conflit efficacité versus équité.
En effet, notre travail ambitionne d’apporter des éléments de réponses à trois questions principales : (i) Pourquoi (déclencheurs) et comment (dynamique) les politiques publiques de santé sont-elles transformées dans leur construction et leur mise en oeuvre par les politiques économiques ? (ii) Quels sont les effets du changement induit par le référentiel global sur le référentiel sectoriel qui exige une distribution de l’accès aux services de santé plus équitable ? (iii) Quels enseignements peut-on tirer de la connaissance des interrelations entre la dynamique de réduction de la pauvreté et l’inaccessibilité persistante dans l’accès aux soins de santé pour une amélioration de l’évaluation des politiques publiques ?
A partir d’un nombre d’indicateurs quantitatifs et qualitatifs, la robustesse de la nouvelle politique est questionnée suivant les perspectives de distribution et d’accessibilité. Dès lors, nous soulignons la difficulté à atteindre des résultats satisfaisants que ce soit en termes d’efficacité ou d’équité à cause du système institutionnel et organisationnel dans lequel elle se conçoit et se met en oeuvre. Trois communautés épistémiques plus ou moins forts qui agissent de façon peu structurée sont repérées et analysées à travers un matériau qualitatif riche qui permet d’appréhender l’existence d’un conflit paradigmatique né de la façon dont les groupes se positionnent et arrivent à mettre en cohérence le référentiel sectoriel de la santé avec le référentiel global de marché qui revêt plutôt un caractère spontané et impératif. Un travail statistique et économétrique permettant de mesurer plus finement les inégalités et les déterminants d’accès et de recours aux soins par les populations soutient l’idée d’un creusement des inégalités de santé par ces politiques soutenues par des mécanismes de financement fortement régressifs. L’analyse des déterminants de survenue des dépenses catastrophiques vient également confirmer ce positionnement.
Nous apprécions par la suite l’efficacité allocative et l’efficience des dépenses publiques de santé ainsi que leur impact sur l’utilisation des services et les bénéfices révélés de cette utilisation. Un
ensemble d’analyses portées sur la progressivité des transferts et de l’accès aux soins nous permet d’estimer les bénéfices acquis du recours aux services publics et de leur donner un contenu d’équité. Cette problématique de l’allocation des ressources de santé est abordée en démontrant qu’elles peuvent constituer un élément moteur de la croissance à partir du moment où les choix d’investissement bénéficient d’un ciblage adéquat. Pour conclure, quelques leviers de réduction des inégalités de santé sont proposés, de même qu’un
indice multidimensionnel de santé construit à partir de « vecteurs de fonctionnement » à la fois du côté de l’offre et de la demande.
Abstract : in Cameroon, the sequence of reforms in the health sector has reinforced an ideological wavering between two opposing currents: a socio-universal that promotes equity, and a neoliberal, which militates for greater economic efficiency of existing systems. Articulating two concerns which are, the worsening of health inequalities as consequence of policy choices made on the efficacy of services without taking into account factors that support the demand, and the form of organization of the health system arising from an imperfect translation of major international principles, this thesis aims to contributing to a critical reflection on the process, the implementation and the results produced by these health policies.
To determine Cameroonian specificity, we inscribe them in a triple theoretical field. The neo-institutionalist approach, mobilize to grasp the importance of the economic history and its influence on the evolution of the health system, which allows understanding the conditions for policy change. The «referentials » approach to policy analysis in order to apprehend the foundations of the new public policy, including the understanding of how interests and ideas are formatted by institutions. An effort to illuminate the policy game is undertaken to appraise the mediation of political entrepreneurs, thereby testing empirically the “top-down hypothesis”. Finally, the theories of justice help to argue for the existence of an imbalance between health supply and demand which undermines health outcomes, and reinforces the conflict efficacy versus equity.
Indeed, our work aims to provide some answers to three main questions: (i) Why (triggers) and how (dynamic) health public policies are influenced in their construction and implementation by economic policies? (ii) What are the outcomes of induced changes by the global referential (macroeconomic framework) on sectoral referential that requires a more equitable distribution and access to health services? (iii) What lessons can we learn from the knowledge of the interrelationships between the dynamics of poverty reduction and the persistence of inaccessibility to health care in order to improve the evaluation of public policies?
From a number of quantitative and qualitative indicators, the robustness of the new policy is questioned following prospects regarding health distribution and accessibility. Therefore, we emphasize the difficulty of the public policy to achieve satisfactory results both in terms of efficacy or equity due to the institutional and organizational system in which it is designed and implemented. Three epistemic communities acting on a nonstructural basis are identified and
analyzed through a robust qualitative material that enables us to grasp the existence of a paradigmatic conflict emerged from how different groups are positioning themselves and interpret reality in order to put in coherence the sectorial referential and the global market-based one which appears to be rather spontaneous and mandatory. Statistical and econometric works to measure more precisely the inequalities and determinants of access and use of health services by the population supports the idea of a widening of inequalities by the health policies maintained by strong regressive mechanisms. The analysis of the determinants of occurrence of catastrophic health expenditures also confirms this.
We mobilize thereafter an additional material to assess the allocative efficiency and efficacy of public spending on health as well as their impact on the use of services and benefits revealed from their use. A series of analyzes aim at evaluating the progressivity of transfers and access to health care has enabled us to estimate the benefits gained from using public services and to give them an equity content. This issue of allocation of health resources is addressed by showing that they can constitute a driver of economic growth from the time the investment choices have adequate targeting. Finally, some ways of reducing health inequalities are proposed, as well as a multidimensional health index constructed from «functioning vectors » chosen from both supply and demand sides.
Date
Le 4 avril 2014
Complément date
14h
Localisation
Complément lieu
Salle 110, Bateg
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