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Soutenance de thèse de Mael Hamberger

Soutenance

Le 25 février 2015

La valeur ajoutée de la normalisation : étude du cas Total EP dans l’amont pétrolier

Jury :
  • Mr Jean-Pierre CHANTEAU (Directeur de thèse), Maître de Conférence HDR, Université Grenoble 2
  • Mr Michel CAPRON, (Rapporteur), Professeur émérite, Université Paris 8
  • Mr Bernard BAUDRY, (Rapporteur), Professeur, Université Lyon 2
  • Mr Daniel RIOCHE (Examinateur), Docteur, Total EP
Résumé : La normalisation est l’activité de production des règles qui prescrivent des pratiques productives par une obligation de résultat (caractéristiques d’un produit) ou de moyens (caractéristiques d’une procédure productive). Elles peuvent être élaborées au sein des entreprises ou à un niveau sectoriel (on parlera alors généralement de « normes » ou de « standards » dans le monde des affaires). Notre recherche contribue à éclairer deux types d’enjeux économiques de la normalisation identifiés dans l’amont pétrolier : le premier renvoie à l’évaluation des coûts et des avantages du recours à des normes dites « sectorielles » dans l’élaboration des systèmes de règles applicables par les opérateurs (salariés, prestataires ou fournisseurs) de l’entreprise ; le second renvoie à l’évaluation des modes de normalisation, et notamment à l’idée que, plus que la normalisation interne à l’entreprise, c’est l’investissement dans la normalisation sectorielle qui permettrait la structuration concurrentielle de l’amont pétrolier. L’ambition de cette recherche apparaît donc à la fois d’ordre quantitatif (chiffrer les coûts/avantages de la normalisation) et qualitatif (caractériser la contribution de la normalisation à la construction des stratégies concurrentielles). C’est dans ce contexte que Total EP, notamment sous l’impulsion de Daniel Rioche, alors coordinateur du Référentiel Technique et de la Normalisation EP, a souhaité lancer un travail de recherche ayant pour objectif de répondre à deux questions : − L’effort de normalisation doit-il être maintenu au même niveau, allégé, ou renforcé ? Autrement dit, jusqu’à quel niveau cet effort est-il rentable ? − Quelles sont les modalités de normalisation qui doivent être privilégiées (instances à privilégier, mode de construction des systèmes normatifs internes, etc.) ? En outre, l’idée qu’il n’existe pas une seule « bonne » stratégie de normalisation, mais qu’elle doit être pensée au cas par cas en fonction des contextes productifs et concurrentiels, internes et externes à l’entreprise, nous conduit à mobiliser les théories économiques de la qualité et des organisations industrielles qui démontrent la nécessité des règles en économie de marché, et plus particulièrement l’analyse conventionnaliste des mondes de production [Salais, Storper : 1993] qui permet une différenciation des situations pour le cas de l’amont pétrolier. En réponse au questionnement de Total EP sur la conduite de son activité de normalisation, nous démontrons que cette activité impacte de façon significative la performance économique de l’entreprise. Tout d’abord, l’usage de règles est indispensable pour pouvoir opérer, notamment dans la durée (assurer un niveau de sécurité et d’efficacité permettant l’accès à la ressource et réduisant les risques d’accidents majeurs) ; ensuite l’identification des vecteurs de gains de la normalisation – couplée à l’analyse conventionnaliste de la qualité et des mondes de production – aide à distinguer quatre types de produits correspondant à quatre situations d’interfaces pour lesquelles différents mix de normalisation (sectorielle, interne,…) doivent être recherchés. Enfin la prévention des risques (parfois extrêmement coûteux) et plus généralement la gestion de la qualité sont impactées positivement par la normalisation sectorielle. En confrontant ces hypothèses à des données d’entreprise sur l’étude du cas des turbines à gaz nous montrons qu’une normalisation par accords-cadres a permis un gain de production d’hydrocarbures de plus de 2% (gains découlant d’une fiabilité accrue sur les équipements). En complément des gains de qualité, la normalisation permet une maîtrise des coûts (CAPEX et OPEX), que nous avons estimés dans notre cas pratique à plus de 10,5% des coûts globaux de l’équipement (0,5% en CAPEX et 13% en OPEX). Néanmoins ces gains ne peuvent – et ne doivent – pas être transposés à d’autres cas pratiques puisque, comme nous l’explique la théorie institutionnaliste et la théorie conventionnaliste de l’économie industrielle, la question des gains de la normalisation ne peut trouver de réponse universelle compte tenu de la diversité des types de normes d’une part, et des types d’interfaces et de situations productives concernées d’autre part.

Abstract : Standardization activities are dedicated to the elaboration of rules which are used to prescribe practices through obligations of results (product characteristics) or obligations of means (production processes characteristics). These rules can be elaborated by firms or by industry associations (usually named « standards » in the firms). Our study contributes to answer two economic questions of the oil upstream industry. The first one concerns the measurement of the added value of the use of industry standards in the elaboration of the firm references documents collections (its technical specifications). These specifications are used within the firm and by its purchasers or service providers. The second question is related to the different types of standardizations (inside firms or at industry level) and the idea that industry standardization is a tool to organize concurrency of the market in the oil industry. The main ambition of our study is both quantitative (what are the costs and gains of standardization) and qualitative (what is the standardization activity in the competition strategies of firm contribution). This context encourages Total E&P – under the leadership of Daniel Rioche (standardization coordinator at the beginning of this PhD) – to work on this subject in order to answer two interrogations: − Does the standardization strategy need to be boosted, maintained at the same level, or mitigated? What is the “right level”? − Which standardization modalities need to be supported or developed (which organizations, level: internal or external to the firm)? Moreover we use economic theories of quality and industrial organizations to argue that there is no only one good standardization strategy but strategies that must be adapted to each productive context. The theory of the “monde de production” [Salais, Storper: 1993] gives us a differentiation between four situations that can be used for upstream oil industry. The answer to the Total E&P needs on the management of its standardization activities, we demonstrate that these activities have a direct impact on the economic performances of the firm. Firstly, the use of standards is essential to produce efficiently, safely (without accident) for many years and often essential in order to access natural resources. Secondly the identification of the main sources of standardization benefits, in addition to the conventionalist analyze of quality and of the “mondes de production” help us to identify four productive interfaces for which a mix of standardization (with internal and external standardization) is more adapted. Finally the prevention of risks (that can be very expensive), and more globally the quality management, is positively impacted by industrial standardization. By testing these hypotheses on firm data for gas turbines case study, we show that standardization with frame agreements gives a 2% extra oil production (due to a better reliability of equipments used for oil production). In addition to quality gains, standardization can help to manage costs (CAPEX and OPEX). We have estimated that the gain is over 10.5% of the global equipment costs (0.5% for CAPEX and 13% for OPEX). Nevertheless, these gains cannot and should not be transposed to other case studies because, as the institutionalism theory and the conventionalism theory explain, the interrogation about the benefits of standardization cannot be completely resolved because of, on one hand, the diversity of standard types and to the diversity of production situations on the other hand.
 

Date

Le 25 février 2015
Complément date
10h

Localisation

Complément lieu
Salle 110, Bateg

Publié le 17 septembre 2019

Mis à jour le 17 septembre 2019