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Soutenance de thèse de Charles Benezra

Soutenance

Le 16 décembre 2013

Eco-innovation dans le secteur automobile : vers un nouveau sentier de dépendance ? Une lecture évolutionniste

Jury :
  • M. Jean-Jacques CHANARON (Rapporteur), Directeur de recherche CNRS
  • M. Hakim BEN HAMMOUDA (Rapporteur), Conseiller Spécial du Président de la Banque Africaine du Développement, HDR en Économie
  • M. Redouane TAOUIL,  Professeur des Universités à l’Université Grenoble II
  • Mme Catherine FIGUIERE (Directrice de thèse), Maître de Conférences, HDR, à l’Université Grenoble II
Résumé : L’industrie automobile tient une place à part dans les économies industrialisées comme en atteste la dénomination par les économistes des deux dernières phases de l’histoire du capitalisme : le « fordisme » et le « post-fordisme ». L’automobile a non seulement représenté un secteur clé dans le développement de ces économies, mais a également constitué un « lieu » d’innovation permanent et déterminant. Depuis la fin du 20ème siècle, cette industrie se trouve néanmoins confrontée à une double contrainte environnementale : l’épuisement annoncée des carburants fossiles et la lutte contre les pollutions, atmosphériques notamment. Le transport routier représente en effet plus de 20% des émissions de GES. L’objectif de cette thèse est de tester l’hypothèse de recherche suivante : depuis les années 1990, l’industrie automobile serait en train d’amorcer un nouveau sentier de dépendance pour s’émanciper de cette double contrainte. Dès lors, le passage au moteur hybride, lu comme une éco-innovation de rupture, marquerait la fin du « lock in » sur le sentier précédant caractérisé par la dépendance au moteur à combustion interne. Travail d’économie appliquée, empruntant une démarche essentiellement hypothético-déductive, largement historique, cette thèse mobilise la grille théorique proposée par Schumpeter et prolongée par les auteurs évolutionnistes. Elle cherche tout d’abord à repréciser les bases de l’analyse schumpétérienne de l’innovation en revisitant les différents concepts théorisés par l’auteur puis à établir clairement la distinction entre « innovation incrémentale » et « innovation de rupture », considérés comme deux concepts fondamentaux pour l’analyse menée ici. Elle montre également en quoi certains concepts évolutionnistes peuvent être lus comme des prolongements de l’analyse schumpétérienne et constituent des compléments pertinents pour tester l’hypothèse de départ. La thèse caractérise ensuite la phase actuelle du secteur de l’automobile en intégrant la préoccupation environnementale aux propositions théoriques déjà présentées. Elle montre que, de la même façon, la distinction peut être faite entre des éco-innovations de rupture et des éco-innovations incrémentales. Le contexte institutionnel de l’innovation, tant au niveau international (Protocole de Kyoto), que national (Système national d’innovation) ou sectoriel (Système sectoriel d’innovation), conditionne en effet largement l’évolution observée dans le secteur de l’automobile. Enfin, une analyse des innovations dans le secteur automobile montre que la double contrainte pesant sur les constructeurs conduit ces derniers à intégrer ces considérations tout au long du cycle de vie du véhicule. Si le renouvellement du principe de motorisation constitue le coeur de ce bouleversement, les recherches d’innovation portent désormais jusqu’au questionnement sur la fin de vie de leurs produits. Les résultats obtenus permettent de conclure, d’une part, que le processus d’innovation dans l’automobile est désormais dominé par les éco-innovations et, d’autre part, qu’en autorisant l’émancipation vis-à-vis des carburants d’origine fossile, ces dernières constituent bien des écoinnovations de rupture. Elles sont ici lues à la fois comme marquant la fin du sentier de dépendance précédent, fondé sur l’utilisation des énergies fossiles, dans lequel les constructeurs étaient « verrouillés » (« lock-in ») jusqu’à présent ; et comme initiant un nouveau sentier de dépendance, basé sur une automobile « décarbonée ».

Abstract : Automotive industry has a special place in industrialised economic systems, as shown by the definition of the two latest phases in the history of capitalism: “fordism” and “post-fordism”. Automobile has not only represented a key area in the development of such economic systems, but has also been the “place” for permanent and crucial innovation. However, since the end of the 20th century this industry had to face a double environmental constraint: the announced shortage of fossil resources and the control of pollution, mainly atmospheric. Road transportation accounts for more than 20% of greenhouse gases. The purpose of this thesis is to ascertain the following research hypothesis: since the 90s, automotive industry could initiate a new path dependence to set itself free from this double constraint. Then, the move towards the hybrid engine, read as a breakthrough eco-innovation would mark the end of the lock in on the former path, characterized by the dependency from the internal combustion engine. This thesis is an applied economy work, following a hypothetical-deductive and historical path. It uses the theoretical grid proposed by Schumpeter and prolonged by the evolutionist authors. First of all, it aims to specify once more the bases of Schumpeterian analysis regarding innovation by revisiting the various concepts theorized by the author, and then to clearly establish the difference between “incremental innovation” and “breakthrough innovation”, considered as two basic concepts for the present analysis. It also shows how some evolutionist concepts can be read as prolonging the Schumpeterian analysis and represent pertinent complements to test the initial hypothesis. Later on, the thesis characterizes the current phase of the automotive field by including the environmental preoccupation to the theoretical propositions already presented. It shows that, similarly, the distinction can be made between breakthrough and incremental eco-innovations. The institutional context of innovation, whether international (Kyoto protocol), national (National innovation system), or sector-based (Sector-based innovation system), largely conditions the evolution observed in the automotive field. Finally, an analysis of innovations in the automotive field shows that the double constraint weighing on builders leads them to include these considerations throughout the vehicle life cycle. If the complete change of the engine principle constitutes the core of this revolution, innovative research now deals with the questioning of the products life end. The results obtained allow concluding, first of all, that the innovation process in the automotive field is dominated by eco-innovations and then that by authorizing emancipation from fossil resources these eco-innovations are in fact eco-breakthrough innovations. Here, they are read at the same time as land marking the end of the former path dependence, based on the use of fossil energies, in which the builders were locked in until now; and as initiating a new path dependence, based on a “carbon free” automobile.
 

Date

Le 16 décembre 2013
Complément date
14h

Localisation

Complément lieu
Salle 110, Bateg

Publié le 17 septembre 2019

Mis à jour le 17 septembre 2019